mai 1917

A la mine

 
 

« Le cinquième jour, j’étais déjà premier piqueur, tellement mon travail avait plu au contremaître. »

 
 

La faim est bien plus forte que la menace des armes. Lorsque les prisonniers se rendent compte que les mineurs obtiennent de meilleures rations de survie, ils décident de surmonter leurs peurs.

Le cinquième jour, j’étais déjà premier piqueur, tellement mon travail avait plu au contremaître. Ça me semblait vraiment facile. On nous assignait un travail à faire en huit heures. Il ne m’en fallait pas plus de cinq. Nous nous sommes donc organisés, si bien que chaque jour, un autre d’entre nous pouvait rester à la maison pour cuisiner et faire bouillir de l’eau pour la lessive. Car nous ressortions comme des ramoneurs. Chaque jour, c’était un autre qui s’y collait.
Mais le mieux dans tout ça, c’était encore le courrier que nous espérions depuis si longtemps. Après quinze mois, nous pouvions enfin correspondre avec les nôtres au pays. Désormais, il arrivait que nous recevions jusqu’à cinq cartes en même temps, des cartes restées en souffrance en Sibérie. Quelle joie et quelle consolation pour nos âmes esseulées. A présent, nous écrivions assidûment au pays. Même le travail salissant nous procurait une plus grande satisfaction.